J'ai récemment retrouvé ce texte, que j'écrivis dans le mai 2011. J'ai décider de le publier sur mon blog, vus que les les thèmes abordés conservent toute leur actualité.
Alors que la crise
militaire en Afrique du Nord ne semble pas proche de sa fin, il est nécessaire
pour les États et les citoyens de
l’Union Européenne de réfléchir sur son début.
Insouciants des positions de leurs homologues italiens et allemands, le président
français Nicholas Sarkozy et son entourage ont lancé une difficile opération
militaire. L’opération prétend être justifiée sur la base d’une résolution des
Nations Unies, alors que celle-ci demandait seulement l’instauration d’une no-fly zone et non pas le renversement
du régime de Qaddafi.
Quel que soit le
jugement de l’histoire sur cette guerre (dont les conséquences, en janvier 2017, paraissent tragique, ndr), elle a démontré l’absence d’une
politique étrangère européenne. Bien que ses compétences ne cessent d’augmenter,
l’Union Européenne apparaît comme une institution principalement
économique. Le manque d’une politique militaire et étrangère commune est
logique, car l’UE n’est pas une fédération, mais une forme très avancée de
collaboration entre États indépendants.
Dans le domaine de la Politique Étrangère et de Sécurité Commune (PESC) cette
collaboration existe au niveau intergouvernemental, et non pas au niveau institutionnel-communautaire.
Donc, ce n’est pas l’existence d’une politique étrangère autonome qui peut être
critiquée, mais le fait qu’elle ait été pensée et sans aucune consultation avec
ses partenaires. L’attitude française pendant cette crise semble exprimer un
mépris de l’idée même de collaboration.
Pourtant, les
bénéfices d’une politique étrangère commune seraient importants. L’Europe parle aujourd’hui avec vingt-sept voix différentes et le résultat est que trois
quarts de ces voix ne sont pas entendues. Les quelques voix qui peuvent être
entendue sont flébiles et incomparablement plus faible que la chinoise, l’américaine
et l’indienne. Nos divisions nous rendent proies des autres grandes puissances.
Est-il normal que l’influence d’une Russie paranoïaque, peu peuplée et encore
déstabilisé soit si grande en Europe? Si l’Europe, si forte en
population, richesse et culture, était vraiment unie c’est bien le contraire
qui arriverait. À en profiter ne
serait pas seulement les peuples de l’Union, mais la paix et la stabilité de l’Eurasie
entière.
Si la création d’une
politique étrangère commune demeure le grand dessin à accomplir, les
difficultés qui nous en séparent sont aussi grande. Les nations européennes ne
veulent pas renoncer à une telle partie de leur souveraineté. Pays comme l’Espagne,
le Royaume-Uni et, surtout, la France ne sont pas seulement des nations, ce
sont les États qui ont crée l’idée de
nation. En plus, certains pays ont des fortes influences qu’ils ne veulent
risquer de perdre. La France a un rôle important en Afrique, le Royaume-Uni ne
peut se passer de ses relations avec le Commonwealth et de la special relationship ave les États-Unis. En outre, les nouveaux membres de
l’Est sortent de l’expérience tragique du bloc soviétique et sont trop fiers de
l’indépendance qu’il viennent de gagner à nouveau pour y renoncer en grande ou
petite partie.
Que faire alors pour
avancer le long du chemin tracé par Spinelli, Monet et les autres pères de l’intégration
européenne ? Bien que leur valeur soit surtout symbolique, certaines
nouveautés du Traité de Lisbonne indiquent la bonne direction : la création
d’un Président de l’Union, d’un Ministre européen des affaires étrangères (qui a conservé le nom de Haut Représentant
de la PESC), l’augmentation de pouvoir du Parlement de Strasbourg et, dernier
mais pas par importance, d’un service diplomatique propre de l’EU.
Cela n’est bien sur
pas assez. Trouver un accord à 27 pour une politique étrangère commune semble impossible,
mais la solution pourrait être une Europe à deux vitesses. Les succès de l’approche
fonctionnaliste à l’intégration nous indiquent que la politique des petits pas
peut porter à grands résultats. Comme les hommes de mer d’autres temps, les
hommes politiques et les citoyens qui soutiennent l’idée d’une politique
étrangère commune doivent avoir patience et attendre que le vent soit propice,
sans pour autant perdre de vue leur destination finale.